Certains d'entre vous ont profité de l'été pour découvrir la très belle région des Vosges. Ils en sont revenus fascinés par cette fameuse Ligne bleue des Vosges, sorte de ligne de brouillard observée en bien des points de la plaine. Et lorsqu'on se trouve au contraire en hauteur, sur la route des crêtes, on la surplombe, nimbée de nuages en prime. Ce brouillard bleuté est en réalité commun à bien des régions, et spécialement concentré dans les forêts de résineux (mais aussi dans la garrigue du Sud !), car il est constitué majoritairement de terpènes, massés en microgoutelettes.
Ces molécules, les terpènes donc, sont majeures en aromathérapie.
- Elles sont présentes en quantité plus ou moins grande dans toutes les huiles essentielles (= elles protègent les plantes des rayons solaires et de la chaleur, raison pour laquelle ce "brouillard bleu" est spécialement visible en été, et que les forêts/jardins/garrigues sentent si fort à la belle saison); mais spécialement dans les sapins, pins, ou encore dans les lavandes, le genévrier, les cyprès, les origans, les camomilles, la bergamote, l'angélique...
- Elles sont hyper antiseptiques et anti-infectieuses, surtout lorsqu'on les respire (= super en diffusion pour éviter d'attraper une maladie virale, en hiver ou à l'automne);
- Elles sont tonifiantes;
- Elles sont psychostimulantes, anti-anxiété...
Certains terpène sont, en outre, particulièrement anti-inflammatoires (sesquiterpènes), d'autres particulièrement tonifiants (paracymène)...
Alors continuez d'admirer la ligne bleue des Vosges, mais allez surtout vous balader dans les forêts et respirez à pleins poumons ces molécules bénéfiques, tout droit offertes par les essences des arbres qui vous entourent ! Les forêts de pins des Landes, ou encore d'eucalyptus dans le Sud, vous offriront les mêmes bienfaits santé et psychiques.
A savoir : les terpènes sont inflammables, et participent donc grandement à la sauvagerie des incendies en été - évidemment aux côtés de la sécheresse et du vent, ainsi que de la négligence des hommes. Une stratégie apparemment étrange, à première vue, de la part des végétaux. Mais qui se révèle en fait payante à long terme pour les espèces végétales "à terpènes" car comme elles repoussent rapidement, elles recolonisent vite l'espace après l'incendie, au détriment d'autres espèces plus lentes.
Marc-André Sélosse, professeur au Muséum d'histoire naturelle, en parle fort bien dans cette chronique du vivant (écoutez le podcast en cliquant ici).